250 enfants de 6 à 10 ans, 4 fresques XXL de 5 mètres autour du sport, des JO et des valeurs de l’olympisme
Il y a parfois des projets qui de part leur envergure, leur originalité, leur thématique vous emmènent sans vraiment savoir où cela aboutira. Pas grave, c’est justement ce qui rend l’art si exceptionnel et si volatile à la fois.
Tout construire en partant d’une toile blanche en mettant en avant des idées, les bonnes et les moins bonnes, en revenant en arrière, en se trompant, en corrigeant, en testant, en inventant, en s’inspirant, en découvrant et surtout en s’amusant .
Ce voyage à Lutterbach dans le Haut-Rhin en ce mois de février 2024 restera l’un de ces incroyables moments artistiques partagés avec l’école élémentaire René CASSSIN, son équipe pédagogique et bien sûr les acteurs principaux de ce projet : les enfants.
Les chiffres du projet
La genèse du projet
Monique Dumas, enseignante en CP, est à l’origine de ce projet. L’imminence des jeux olympiques, une volonté de partager les valeurs du sport avec ses collègues et les jeunes de l’école, intégrer la culture et les arts ont été le point de départ de ce projet .
Il y a quelques mois, un premier contact avec Monique lançait définitivement le projet. Il se voulait collaboratif, artistique, culturel, instructif, inclusif, sportif, un beau cahier des charges. Le challenge le plus important restait cependant d’accompagner ces 250 jeunes enfants d’âge différents à travailler ensemble autour d’un projet commun, de leur apprendre à dessiner le corps en mouvement avec l’aide d’Oscar*, à esquisser et à peindre en 2 jours.
Je tiens à remercier chaleureusement toute l’équipe pédagogique de l’école René Cassin de Lutterbach et son directeur Bruno Ruetsch pour leur accueil et leur aide dans la mise en place de cette journée .
Allez, assez parler place au concret….
Le témoignage qui fait du bien
Lucie Llong,
Nous tenions à vous remercier pour les deux jours incroyables que vous avez passé avec nous à l’école, pour ce que vous avez préparé pour nous. Merci à vous d’être venue jusqu’à Lutterbach. Merci pour tout ce que vous avez fait, pour tout ce que vous nous avez appris. Nous avons beaucoup aimé ce que nous avons fait ensemble, nous avons admiré votre travail, nous avons dessiné au fusain, découvert la gomme mie de pain, repassé sur les personnages, peint avec de la peinture acrylique des fresques de 5 mètres.
Nous avons appris que le mouvement se fait avec des gros traits, que quand la plume descend, les poils montent, donc on fait des traits vers le haut. Les fresques sont très jolies. Durant ces deux journées, nous avons bien travaillé. Parfois, c’était dur.
Nous avons dû apprendre à partager les tâches, à laisser faire les autres, à prêter, à patienter. Certains étaient un peu stressés, d’autres ont trouvé cela amusant. Nous avons éprouvé de belles émotions : de la joie, du bonheur, du calme, de la satisfaction, de la fierté. Nous étions des artistes !
Nous avons vécu un beau moment, une expérience extraordinaire grâce à vous. Nous avons adoré vous rencontrer.
Les CM1A
Si je devais donner les recettes du succès d’une entreprise comme celle-ci, je dirais préparation , préparation et encore préparation. Plus que de la répétition, c’est ce travail en amont qui font que les projets et toutes les initiatives fonctionnent et permettent à chacun d’y trouver son compte.
Nous n’aurions jamais obtenu ces résultats sans un investissement colossal de la part de l’équipe pédagogique de l’école de Lutterbach qui la veille de cet atelier a passé son dimanche apprès midi à préparer les lieux. L’intégralité du sol du gymnase a été recouvert d’une bâche protectrice afin d’éviter que de la peinture ne vienne modifier les lignes des terrains de basket et de hand utilisés par les enfants dans le cadre de l’activité sportive. Mais au delà de la touche d’humour, la protection de cet environnement était l’une des conditions à la réalisation de ce projet.
Après une après-midi bien remplie, voici les lieux prêts à accueillir demain quelquessssssssssssssssssssssssss enfants.
Le résumé de ces 2 journées
Ces deux journées ont été intenses et riches, durant lesquelles 10 classes du CP au CM2, ont participé avec enthousiasme à ce projet ambitieux de réalisation des fresques. Répartis en petits groupes de 10, chacun avait la charge d’une partie de la fresque. En toile de fond, sans jeu de mots, se trouvaient les Jeux Olympiques de Paris 2024 et la symbolique olympique qui leur est associée. 2 jours pour se connaître, apprendre à dessiner le corps en mouvement, collaborer le sourire aux lèvres et au final 2 jours pour créer ces 40 mètres carrés de peinture. Un beau challenge !
Rien de tel pour commencer que des explications sur comment représenter le corps en mouvement, ce sera un petit peu la base de tout ce qui sera réalisé au cours de ces journées. Et pour faire cette démonstration j’ai besoin d’un modèle. Qui veut bien se porter volontaire ? Aller Oscar tu peux venir?
Et grâce à lui , j’ai pu expliquer à ces jeunes, semble t-il, captivés par la prestation de notre illustre visiteur, comment fonctionne le corps humain et comment représenter le mouvement en peinture ?
45 minutes de présentation de mon travail suivi de conseils techniques.
Indice
Il aurait pu s’appeler Wilde ou 1er mais ce n’est pas le cas. Alors si son nom ne vous évoque peut être rien de plus, il est mon fidèle compagnon dans la peinture du mouvement depuis des années. Et je peux vous assurer que ce n’est pourtant pas pour sa musculature qu’il est exceptionnel . Un soupçon impudique, c’est plutôt pour sa capacité à nous aider à comprendre le fonctionnement de notre corps et de ses articulations, un fidèle compagnon des cours d’anatomie.
Comprendre le mouvement des plumes avant de décortiquer le corps humain
Avant de se lancer dans le corps humain, analyser le mouvement d’une plume est un excellent exercice. Il permet de comprendre dans quel sens vont les barbules lorsqu’on laisse tomber la plume, c’est à dire en sens opposé à la direction prise. Cet exercice d’observation retranscrit ensuite sur le papier à l’aide de fusain permet de comprendre le sens du mouvement et les interactions avec l’environnement.
Passons maintenant à un modèle un peu plus difficile, le corps humain et sa musculature complexe. Si le fonctionnement est globalement le même, il faut comprendre les mouvements possibles du corps et des articulations qui sont la base de toutes représentations de celui-ci. Et plutôt qu’un long discours, il vaut mieux un bon dessin.
Ce travail préparatoire permet de comprendre chaque attitude et chaque posture afin de pouvoir la retranscrire le plus fidèlement possible sur la toile et dans un format bien plus grand que le modèle.
La logique est la suivante : dessiner les articulations et le squelette, y ajouter le volume musculaire et les organes avant de terminer en couleur .
j - 1 | L'esquisse, pardon, les esquisses
Dans le gymnase de Lutterbach privatisé pour l’occasion, les enseignants avaient œuvré pour fixer au sol nos 4 terrains de jeu. 4 toiles blanches XXL au format 5 m x 2 m soit 40 m 2 de peinture à réaliser.
Divisés en petits groupes, les jeunes se sont lancés dans la représentation d’un sport en particulier. Dès le début du projet, les sollicitations étaient multiples tant les enfants ressentaient ce besoin dans un premier temps d’être rassurés avant de progressivement apprivoisés cette toile XXL et de se lancer dans le cœur du sujet.
Le groupe partagé en 2, puis à nouveau partagé en 4, puis à nouveau des sous-groupes où l’inclusion et la mixité étaient de rigueur. Si le concept est abstrait, l’idée était de mélanger garçons et filles, toutes les sections, du CP au CM 2, à l’intérieur de ces sous-groupes. Nous souhaitions éviter le travail par affinité et privilégier la collaboration et le travail en équipes des jeunes et des moins jeunes. Les grands devaient laisser les petits s’exprimer, les petits partager les pinceaux, chacun devait trouver sa place dans l’accomplissement de ce travail collaboratif.
Allez, j’anticipe sur les jours à venir, mais le résultat a été assez stupéfiant. Si le premier jour nous avons eu à gérer quelques conflits anodins et relationnels, des conflits de cours d’école, nous avons constaté une nette amélioration dans la communication, la collaboration et la complémentarité au sein des groupes assez rapidement au cours de cet atelier, pour la plus grande satisfaction de l’équipe pédagogique. Elles ont vu des enfants plutôt effacés et en retrait en classe, donner leur opinion, être d’accord ou en désaccord, prendre des initiatives comme ils ne le faisaient jamais. Comme quoi, l’art et le sport sont d’excellents remèdes à la timidité.
Le résultat de ces 2 jours de peinture
Il y avait les timides, ceux qui n’osaient pas et qui, progressivement, ont intégré le jeu, laissant s’exprimer leur créativité. Puis il y avait les autres, plus affirmés, qui se lançaient d’emblée et de manière autonome dans la création, parfois tout en maitrise et parfois de façon plus hasardeuse, de l’esquisse ou l’application des couleurs. Mais peu importe, l’essentiel était que, au final, chacun y trouvait du plaisir et son compte dans la réalisation de ces 4 fresques que les enfants ont maintenant l’honneur de vous présenter.
Autour de cette animation
En marge de l’animation, les enfants ont pu profiter des objets et tenues généreusement prêtés par l’association 24 pour tous et tous pour 1 présidée par Guillaume Renoud. Ils ont pu découvrir les gants d’Alexis Vastine, la médaille d’or d’Anaïs Bescond en biathlon et de nombreux autres objets olympiques.
Les activités pédagogiques proposées autour de cette exposition a permis aux enfants de découvrir les histoires fabuleuses et inspirantes de ces athlètes olympiques et paralympiques qui accompagnent l’association depuis 2018.
Un grand merci à toute l’équipe de l’école de Lutterbach et aux parents qui ont contribué à la réussite de ce projet artistique et un autre merci pour votre accueil chaleureux et le précieux moment partagé en votre compagnie. Je tiens également à exprimer ma gratitude à Bruno, le directeur de l’école pour son accueil et son hébergement tout au long de cette intervention, ainsi qu’à toutes les personnes impliquées dans la pédagogie pour avoir collaboré avec moi à la réalisation de ce projet. Ensemble, nous avons cherché à introduire une touche d’innovation dans vos méthodes pédagogiques, et je suis convaincue, à la vue des sourires et des résultats obtenus, que tout le monde a été extrêmement satisfait.
Il reste désormais à trouver une place pour ces quatre fresques qui marqueront dans l’esprit de ces enfants l’ouverture des Jeux Olympiques. À quelques mois de la cérémonie d’ouverture, c’est une manière de célébrer le sport et ses vertus auprès de ce public qui représente l’avenir.