Rugby World Cup …. En maintenant, bonjour Paris
Comme souvent sur mes articles, je commence par une citation. J’en ai cherché une de Williams Webb Ellis, en vain. Vraisemblablement, il devait préférer jouer au rugby plutôt que d’en parler.
Lucie LLONG
(Artiste peintre du sport et … du rugby)
Dans cette article, je vous invite à parcourir l’histoire du rugby au travers d’anecdotes sur les 9 Coupes du Monde . Grâce à un mélange unique d’anecdotes , de vidéos rétrospectives et de peintures artistiques, j’ai cherché à mettre en lumière ce sport d’une manière inédite. Alors prêt pour le voyages, RDV dans cette exploration originale à mi-chemin entre le sport et l’art par une passionnée du rugby.
Rugby world cup 2019 - Un typhon, une vraie surprise et le sourire de Owen Farrel
Pour la 1ère fois, un pays asiatique organisait la coupe du monde de rugby et il faut dire que rien ne s’est passé comme prévu. Le Japon, terre émergente du rugby, accueillait la planète ovale entre son opulente modernité et ses traditions ancestrales.
Les caprices météo de dame nature
Si l’histoire retiendra la victoire des sudafs sur les rosbeefs, quoi de plus surprenant, pour ces 2 équipes habituées à dominer le rugby mondial, la phase de poule a tout de même était très fortement contrariée, la faute à un typhon nommé Hagibis (Rapide en philippin), l’invité surprise de la compétition. Touché par des pluies diluviennes, des inondations et des vents au-delà des 200 km / h, le Japon retient son souffle et décide d’annuler certains matchs pour assurer la sécurité des joueurs et des supporters venus du monde entiers pour soutenir leur équipe. France – Angleterre et Nouvelle Zélande – Italie sont entre autres annulés soulevant certaines polémiques et privant Sergio Parisse de sa der avec l’Italie contre les All Blacks.
La victoire du David japonais contre le Goliath irlandais
Sportivement, la principale surprise vient de la performance exceptionnelle et historique des Cherry Blossoms japonais venant à bout de l’ogre irlandais, l’un des favoris de cette coupe du monde. Cela montre bien que même si les surprises sont rares, le rugby est un sport où tout peut arriver, même la victoire d’une petite équipe sur un géant du rugby comme l’Irlande. Portés par leur public, les joueurs japonais semblaient doter de super-pouvoirs courant aux 4 coins du terrain, défendant comme des samouraïs chaque cm² de terrain et répondant à la force par une générosité et un enthousiasme hors du commun.
Les anglais provoquent les All blacks en demi-finale
Enfin, il y a parfois des attitudes plus efficaces que des mots pour exprimer ce que l’on ressent. Le sourire d’Andy Farrell lors de la demi-finale contre les All blacks en disait long sur la détermination des anglais. Placé en V comme le fit en en 2011 le XV de France, les joueurs anglais, sûrs de leur force, défiaient les blacks, les doubles champions du monde en titre et l’équipe à battre de cette coupe du monde. Pas de hold-up dans ce match tant les anglais ont dominé les débats et éliminé les All Blacks dans leur quête d’un 3ème sacre consécutif. Avec du recul, je crois que les joueurs de sa majesté ont gagné ce match avant le coup d’envoi, à l’inverse de la finale au cours de laquelle ils ont quelque peu déjoué.
Rugby world cup 2015 - La légende Richie McCaw tire sa révérence
31 octobre 2015 – Les bras vers le ciel portant la scintillante coupe Webb Ellis, Richie McCaw vient de terminer sa carrière de rugbyman. La plus belle des sorties pour une légende du rugby.
Si l’homme a été aussi détesté qu’adulé, son charisme, son palmarès, sa longévité au plus haut niveau font de lui le plus grand joueur de tous les temps. Il faut dire que certains de ses records risquent d’être très difficiles à battre. Son style de jeu engagé et toujours à la limite a fait de lui une cible régulière des médias et de ses adversaires. Peu importe, MacCaw est hermétique à la pression et à la provocation, au contraire il en joue et l’assume pleinement. Mais comment ne pas saluer son intelligence de jeu, sa capacité hors du commun à avancer et à rassurer son équipe.
Et même si le réservoir de joueurs néo-zélandais est pléthorique à tous les postes, choisir est sûrement un casse-tête pour les sélectionneurs. Le choix du numéro 7 était certainement le plus facile et le premier nom posé sur chaque feuille de match.
Le palmarès et records de Richie McCaw
148 sélections
110 capitanats
27 essais (record pour un avant)
Pourcentage de victoires : 88,51% (seules l’Australie, l’Afrique du sud, l’Angleterre et la France l’ont vaincu)
2 fois champions du monde : 2011 et 2015
10 fois vainqueur du tri nations et rugby championship
3 fois élu meilleur joueur de l’année
Membre du Hall of fame depuis 2019
Rugby world cup 2011 - Le jour où les All Blacks ont douté
La France, défaite en match de poule sur un score de 37 à 17, retrouve la Nouvelle Zélande, archi-favorite en finale. L’histoire retiendra le parcours chaotique de la France pour accéder à la finale. Avec 2 défaites en phase de poule, sans un coup de pouce du destin, La France n’aurait pas vu les quarts de finale. Sans l’expulsion du capitaine gallois Warburton, elle n’aurait peut être pas franchi les demis mais ils sont bien là. Les bookmakers ne donnent pas chers de leur peau tant les All Blacks dominent et semblent intouchables. Le haka gronde dans l’Eden Park repris par des milliers de kiwis promettant l’enfer au XV de France.
Soudés, les joueurs français en blanc défient leurs adversaires du regard. Autour de Dusautoir, ils forment un V, le V de la victoire pour cette équipe de revanchards, décriée et critiquée mais bien présente. Sans sourcilier devant la gestuelle guerrière et menaçante du haka, ils avancent, solidaires et imperturbables vers les All Blacks. Le ton est donné.
Le match est rugueux, violent même mais les Français encaissent et poussent les All Blacks dans leur retranchement. La surprise et le doute se lisent sur le visage de ces joueurs aguerris et habituellement si sereins. Jamais, je n’avais vu les Néo-zélandais aussi déstabilisés. Au bout du suspense, la Nouvelle Zélande gagnera mais le XV de France sortira avec les honneurs et surtout beaucoup de regrets.
La meilleure équipe de la coupe du monde a gagné, c’est sûr. La France n’aurait certainement jamais du être en finale mais elle a été la meilleure équipe du jour sur le terrain. Les français auraient pu voire auraient dû gagner ce match qui restera la finale la plus serrée de l’histoire de la coupe du monde. Score final 8 – 7.
Rugby world cup 2007 - L'Argentine s'impose comme un grand du rugby
Dans un pays où le football est religion, longtemps le rugby a peiné à évangéliser ses valeurs. Pourtant depuis quelques années, les pumas jouent et jouent bien. Ils enchaînent les victoires prestigieuses en battant les gallois, le XV de France et les springboks. Sans un coup de pattes millimétré de Sir Jonny Wilkinson, ils auraient aussi battu les redoutables lions britanniques en 2005.
L’argentine aborde la coupe de monde 2007 sûre de sa force, emmenée par une génération talentueuse de joueurs évoluant dans les plus prestigieux clubs français et anglais. Elle joue presque à domicile dans cette compétition organisée en France. 1er de poule avec une victoire retentissante sur les Français au Stade de France, vainqueur de l’Ecosse en quarts de finale, seuls les springboks, futurs champions parviendront à contenir leurs assauts et à les battre. Assurément l’Argentine et ses pumas ont marqué les esprits et ne seront plus jamais considérés comme une nation mineure du rugby.
L’Argentine se permet même le luxe de battre à nouveau les français au cours de la petite finale et s’adjuger la 3ème place. Les Pichot, Ledesma, Fernandez-Lobbe, Hernandez, Contepomi, Albacete sont définitivement rentrés dans la légende de ce sport.
Rugby world cup 2003 - En direct d'Australie ...
Cette coupe du monde fut un moment très particulier pour moi car il se trouve que j’étais en Australie à cette période. Quel plaisir de vivre cette compétition de l’intérieur et de croiser dans les rues de Sydney, des joueurs du monde entier. Ma’a Nonu, un inconnu à l’époque, se baladant près de l’opéra, les français se baignant à Bondi Beach, les canadiens dans un pub de George Street. Sydney est devenu pour quelques semaines le centre névralgique du monde du rugby et j’y étais.
Darling Harbour grouille de vie, les pubs sont remplis à l’occasion du choc entre les Wallabies, tenant du titre, et les All blacks, favoris habituels. Kiwis et Aussies se chambrent allègrement, et sans aucune caricature, en buvant des litres et des litres de foster’s ensemble. La bière coule et les nachos craquent sous la dent.
Une semaine plus tard, la bande à Martin sera sacrée championne du monde. Les Aussies, instinctifs et joueurs, prennent une leçon de réalisme face à l’efficacité et au pragmatisme anglais. Plus que tous les autres joueurs, Jonny Wilkinson incarne cette victoire. Il y a son drop victorieux mais aussi sa patience, sa rigueur pour écrire la plus belle ligne de palmarès du rugby anglais. La coupe du monde est pour la première …. et à ce jour … la dernière fois venue profiter du bon air européen.
C’est aussi en 2003 à Sydney lors de la coupe du monde que j’ai créé ma première peinture sur le rugby, la 1ère d’une longue série toujours en cours. J’ai peint cette toile pour mon grand-père, joueur de rugby catalan.
Rugby world cup 1999 - Le plus beau match .... sans chauvinisme
J’ai parfois l’impression de me répéter mais comme toujours les All Black sont favoris portés par ses stars. Jonah Lomu, Christian Cullen, Josh Kronfeld ou encore Tana Umaga sont tous sur le terrain. La bande à Ibanez subit et semble incapable d’endiguer les assauts du surpuissant Lomu, auteur de 2 essais. J’ai eu le plaisir de le rencontrer et de discuter avec lui en 2010 à Paris. Il signait des autographes avec Carlos Spencer à la boutique Adidas de la rue de Rivoli à Paris. Enfin ce n’est pas le sujet, revenons à ce fameux match, 17 – 10 à la mi-temps puis 24 – 10 à la 45ème. Les All Blacks tiennent le score et rien ne semble pouvoir les inquiéter.
Rien sauf un sursaut d’orgueil ou plutôt l’orgueil des français, clairement pas résignés à servir de sparring-partner aux All Blacks. Les avants se rebiffent, fixent la redoutable troisième ligne des hommes en noir. Des espaces commencent à se libérer pour la cavalerie légère française. Face au génie de Lamaison et à la vélocité du regretté Dominici et Bernat-Salles, les solides All blacks finissent par céder. 1 fois puis 2, les Français réduisent l’écart, avancent et au bout du suspense, gagnent le match. Le score de 43 – 31 est loin d’être anecdotique, les français ont rattrapé un retard de 14 points et marqué 33 points en 35 minutes.
Jamais dans leur histoire, les All Blacks n’ont encaissé autant de points en si peu de temps, l’un des plus beaux exploits du rugby français. Le french flair incarné … et l’un des plus beaux matchs si ce n’est le plus beau que j’ai pu regarder.
Rugby world cup 1995 - La renaissance de la nation arc-en-ciel
La politique a quelque peu pris le pas sur le sport à l’occasion de la 1ère participation des Springboks à la coupe du monde. Si l’apartheid est révolu, les problèmes raciaux subsistent dans une nation au lourd passé colonial. Nelson Mandela, président noir, fraîchement élu avec le soutien massif de la communauté noire, souhaite fédérer le pays autour d’une idée d’harmonie et de respect mutuel. L’équipe de rugby local, les Springboks, majoritairement blanche, est un des symboles forts de l’apartheid.
Avec le soutien du capitaine François Pienaar, Nelson Mandela va construire par le sport, les prémices de la nation arc-en-ciel, multi-culturelle et riche de sa diversité. Pour cela, le collectif doit gagner et, match après match, conquérir le cœur des millions de sud-africains meurtris par des affrontements raciaux: l’enjeu est l’unité. Le générique choisi « World in union » symbolise par ses paroles et ses images la vision humaniste et altruiste de Nelson Mandela. Un vrai régal musical.
Les springboks, héros nationaux
Le juste décédé Chester Williams, seul noir du collectif springbok en 1995 symbolisa pendant longtemps ce premier lien d’amitié et de rapprochement entre tous les sud-africains. La vérité du terrain est certainement moins glamour. Rien ne semblait pouvoir contrarier la formidable épopée victorieuse des Springboks. Ils sont en quelques semaines passés d’une équipe pro-apartheid, haïe dans son pays, au symbole d’unité de toute une nation.
Nul ne sait si la demie face à la France a été achetée. Si les All Blacks ont été empoisonnés. Si les springboks étaient dopés. Plus que toute autre, cette compétition a marqué les esprits par le fabuleux accueil des sud-africains et la victoire politique de Mandela. cette génération victorieuse a payé un lourd tribut à l’avènement de la nation arc-en-ciel. De nombreux joueurs légendaires des springboks de l’époque ont disparu, touchés et battus cette fois par des maladies rares.
Rugby world cup 1991 - Ode à l'audace et à la créativité
Comment ne pas citer la volonté des australiens d’aller au bout, au risque de tout perdre, face au fighting spirit irlandais. David Campese éclabousse cette coupe du monde de sa classe, il est dans tous les bons coups, il marque et fait marquer ses partenaires. En quart de finale, les irlandais pensaient gagner sur un essai chanceux avant une ultime mêlée. Les australiens lancent leurs virevoltant trois-quarts et marquent. L’audace paye parfois – sortie rapide, redoublé, prise d’intervalle et essai. Rien à dire…
La demi-finale est a sens unique, les Blacks sont asphyxiés. Campese s’illustre encore d’un pas de l’oie dont il a le secret et score. Il est impliqué sur le second essai des Wallabies, d’une passe aveugle il envoie Horan derrière la ligne, un bijou. Une réalité cruelle pour les All Blacks, prétendants à leur propre succession.
L’Australie des artistes du ballon vient à bout de l’Angleterre. Les anglais, à bout de souffle, perdent à Twickenham une guerre de tranchées au terme d’un match très fermé. Peu de grandes envolées mais qu’importe, seule la victoire est belle. Même les artistes ont parfois besoin de se reposer.
Rugby world cup 1987 - La première en catimini
La nouvelle Zélande accueille le gratin du rugby pour cette première dans l’humidité et la fraîcheur de l’automne australe. Loin de la médiatisation actuelle de la rugby world cup, cette compétition posa les bases du concept.
Si Antenne 2 couvrait néanmoins l’événement et partageait les meilleurs moments à l’occasion du stade 2 dominical, les fans de rugby suivaient leur équipe favorite dans la presse quotidienne.
L’essai fantôme de Blanco contre l’écosse que personne n’a vu, reste une énigme.
Celui du bout du monde en demi-finale face à l’Australie, un chef-d’œuvre de 80 mètres concluant un match épique.
Sans surprise, les blacks gagnent face à la France fatiguée dans un match à sens unique. La bataille de Sydney en demi-finale avait été rude et les valeureux soldats français, vainqueurs mais épuisés, avaient laissé bien trop d’énergie pour vaincre les All Blacks chez eux.
Avec Pierre albaladejo et Pierre Salviac au micro.
Merci pour ces commentaires sur les précédentes coupes du monde,que de beaux souvenirs sont remontés à la surface. Ainsi que ces tableaux magnifiques et les résumés des matchs, merci.
Si tu veux une petite anecdote de coupe du monde, en voilà une :
En 1987 je travaillais avec Jean Condom, le basque qui jouait au B.O., nous étions représentant en vin et spiritueux pour D.G.V.F. une société basé à Biarritz. Lors de la coupe du monde, la première, il fallait remplacer Jean sur son secteur. Lorsque arriva ma journée sur son secteur, le Pays Basque, je n’ai rien vendu. Ses clients me disaient : « Eh petit, on a besoin de rien, nous avons déjà tout pris pour 1 mois, tu peux rentrer chez toi. » De plus venant des Landes, c’était le conflit.
Bonne journée à toi.
Et tes peintures sont toujours aussi belles.
Merci Sylvain pour cette anecdote, à cette époque le rugby était encore amateur, il avait apparemment prévu que la France arrive en finale ou qu’un voisin du 40 le remplacerait.Le BO avait surement perdu contre Dax ou Mont de Marsan quelques jours avant… lol