Saint-Étienne est une ville assez récente comparativement à sa voisine lyonnaise dont l’histoire est déjà très marquée dans l’antiquité et l’époque gallo-romaine. Si la capitale des Gaules Lugdunum apparaît depuis longtemps dans les archives, la 1ère citation de Saint-Étienne est datée de 1225 alors un village de quelques âmes. Il est légitime de penser que la ville a été fondée au Xème siècle sur les rives du Furan, un affluent de la Loire.
Saint-Étienne au moyen-âge
La ville deviendra en 7 siècles l’une des plus emblématiques et des plus influentes villes industrielles de France. Longtemps isolée des principales voix de circulation pendant le Moyen Age, la ville va connaître une 1ère phase de développement en devenant l’une des étapes des grands chemins médiévaux reliant les principales villes de la région (Lyon, le Puy-en-Velay, un haut-lieu du christianisme régional, Saint-Chamond ou encore vers le sud et le bassin méditerranéen). La ville se distingue par la diversité de son artisanat (rubanerie / soierie / coutellerie ) et surtout par la fabrication d’armes qui alimentaient les armées française de François 1er en équipement de combat dès la fin du Moyen Age. Le charbon, présent en abondance, alimente les forges et le Furban, une rivière docile générant, via des moulins, une énergie hydraulique capitale pour le développement du commerce et de l’artisanat. Un combo gagnant qui précipitera Saint-Étienne dans la modernité et vers son riche avenir industriel.
Saint-Étienne et son destin industriel
A l’aube du XVIIIème siècle, la ville connaît une 2ème phase de développement et devient la référence française en matière d’armement avec la création de la manufacture royal d’armes en 1665, un rayonnement qui lui permettra de vendre sa production dans des magasins parisiens avec le roi Louis XIV comme illustre client.
Si la ville est aussi touchée par la crise sociale et politique qui conduira à la révolution française en 1789, les guerres internes et externes qui la suivent engendrent un besoin incessant d’armes, la ville devient incontournable et se lance ensuite dans l’extraction du charbon pour répondre aux besoins grandissants en combustible. La ville s’agrandit, s’embourgeoise et nécessite de nouveaux aménagements urbains dont Claude Beneyton en fut le témoin et qu’il a raconté dans ses manuscrits.
Le développement du chemin de fer au début du XIXème lancera la 3ème phase du développement de la ville. L’expertise de la ville en armement, en sidérurgie, sa réputation en rubanerie et la richesse de ses sols en combustible vont définitivement ancrer la ville comme l’un des fleurons de l’industrie française. L’exode rural débute avec une augmentation significative de la population de la ville, stimulée par les besoins croissant de main d’oeuvre. La ville gagne plus de 30 000 habitants entre 1861 et 1881 passant de 90 000 habitants à plus de 120 000. La révolution industrielle bat son plein et Saint-Étienne en tire profit. La ville est prospère jusqu’à la crise de 1929. Saint-Étienne connaîtra ensuite des hauts et des bas jusqu’à la fermeture définitive de ses mines en 1980 laissant derrière elles un patrimoine industriel d’envergure qui fut la fierté de la région mais aussi des traces indélébiles dans la topographie de la région et sa population.
Les verts de l’ASSE sont les symboles de cette époque fleurissante portée par Casino ou Manufrance.
Saint-Etienne
13ème ville française
Saint-Étienne est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des villes créatives de design aux côtés de Berlin, Melbourne, Reykjavík, Sydney, Barcelone et les 240 autres membres.
Le manuscrit Beneyton
La ville de Saint-Étienne met à l’honneur l’un de ses illustres représentants avec l’édition ou plutôt la ré-édition du manuscrit Beneyton. Figure locale de la période pré-révolutionnaire, Claude Beneyton a apporté un témoignage vibrant sur l’évolution de la ville dans cette période à la fois troublée de l’histoire de France et pourtant si fleurissante pour la ville qui ne cessait de se développer à cette époque.
Maçon et charpentier, il a contribué à façonner la ville au milieu du XVIIIème. Pourtant, c’est pour ses écrits que Claude Beneyton est aujourd’hui connu bien plus que pour ses prouesses architecturales. S’il a participé à la construction de Saint-Étienne telle qu’elle est aujourd’hui, il a surtout rédiger une chronique qui permet de s’immerger dans le Saint-Étienne du XVIIIème siècle, au cœur d’une ville dynamique dont le destin est en marche.
L’ouvrage est un des témoignages les plus pertinents de l’évolution de Sainté. Écrit à l’encre, il est aujourd’hui conservé dans les archives de la ville comme une relique d’une autre époque.
L’édition de ce livre est un événement pour la ville dont l’histoire tumultueuse continue de s’écrire.
L'atelier Plume et écriture à l'encre
À l’occasion de l’édition du manuscrit Beneyton, la ville de Saint-Étienne a organisé à la maison du patrimoine et des lettres, un atelier sur la fabrication de l’encre ferro gallique et la taille de plumes. Nous voilà de retour 250 ans plutôt, à l’époque de la bougie, des calèches, de la monarchie et de l’écriture à l’encre. Les artistes peignaient avec des matériaux 100% naturels, tous issu de la nature pour réaliser quelques merveilles de l’histoire de l’art. C’était l’époque de Voltaire, Rousseau, Diderot, autant d’illustres personnages de notre histoire qui par leurs écrits ont changé le monde. Une époque tourmentée mais dont l’héritage artistique, architectural et culturel subsiste encore aujourd’hui.
Cet atelier a permis de découvrir la fabrication de l’encre ferro-gallique. Cette technique millénaire permet d’obtenir une encre indélébile et intense utilisée pendant des années dans le calligraphie et l’écriture. Et comme le chimiste Lavoisier le disait à cette époque, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Cette phrase semble totalement appropriée à l’expérience chimique que 8 participants ont découvert. Une recette précise, des ingrédients triés sur le volet, tout cela pour créer et repartir avec un flacon d’encre ferro-gallique.
Etape 1 – Préparation de l’encre ferro-gallique
Etape 2 – La taille de plumes
Si, bien évidemment, la fabrication de l’encre est une étape préalable à tout dessin ou processus littéraire, avant que la plume métallique ne s’installe définitivement dans le nécessaire du parfait écolier au IXème siècle, des plumes d’oiseaux étaient principalement taillées. La plume d’oie est par ailleurs l’un des matériaux les plus utilisés pour l’écriture.
Sa taille repose sur un savoir-faire précis permettant d’adapter sa plume en fonction de l’usage et du style d’écriture souhaité. Dans un livre paru au XIVème siècle, l’italien Palatino posait les grands principes de l’écriture cursive et expliquait comment tailler les plumes. Cette technique de taille traversera les époques et sera utilisée par Claude Beneyton dans la réalisation de son manuscrit. Ce sera aussi la 2ème étape de cet atelier.
Tailler sa plume est une expérience unique au confins de l’histoire de l’art et de la mémoire humaine.
Etape 3 – Peindre et écrire à l’encre ferro-gallique
Un grand merci à tous les participants, à la ville de Saint-Étienne et à toute l’équipe de la maison du patrimoine et des lettres pour ce beau moment partagé dans ce magnifique lieu.
La demeure Chamoncel de Saint-Etienne
En 2019, la maison du patrimoine et des lettres de Saint-Étienne ouvre ses portes dans l’un des bâtiments les plus emblématiques de la ville. La maison Chamoncel. Vestige du passé artisanal et commercial de Saint-Étienne à l’aube XIIème siècle, cette demeure est un fabuleux témoignage de l’architecture renaissance et de la richesse de la ville à cette époque. Elle est aussi le premier bâtiment de Saint-Étienne inscrit sur la liste des monuments historiques de la ville.
Construite au XVème siècle avec une structure bois, elle devient en 1582, la propriété du négociant Claude Chamoncel qui l’agrandit et y adosse une maison en pierre. Cette maison à l’architecture riche et remarquable est l’une des rares bâtisses de cette époque encore debout. Pourtant son histoire pourrait être tout autre, laissée à l’abandon pendant des décennies, elle est à la limite de l’effondrement dans les années 1990 avant d’être réhabilitée pour en faire un lieu de culture. Des années de travaux afin de la consolider et la transformer en un lieu capable d’accueillir le public, la maison Chamoncel est aujourd’hui un site remarquable, témoin du riche passé de Saint-Étienne.